La Loi Selon Yeshoua 2

Suite de la Loi selon Yeshoua 1.

 

Partie 2 : verset 19 :

19  Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.

§                   Le verset 19 conduit les auditeurs de Yéchoua’ à rester vigilent pour obéir à tous les commandements. Ce n’est pas un discours très courant dans les églises que de souligner l’importance de l’obéissance à la Loi de Dieu.

Ä                                 Il peut sembler curieux que l’observance de la Loi ou la non observance de la Loi (avec l’aspect de l’enseigner ou de s’abstenir de le faire) conduise à une hiérarchie dans le royaume des cieux. De toute manière la rigueur avec laquelle la Loi est observée par les disciples est loin d’être parfaite.

Ä                                 On aurait pu penser que les conséquences de cette obéissance ou de cette non obéissance aux commandements divins aboutissent à des solutions plus tranchées par rapport au royaume des cieux. Par exemple que les uns soient admis tandis que les autres en soient exclus.

Ä                                 En réalité, l’admission dans le royaume des cieux ne dépend pas de l’obéissance seule, mais de la soumission à la justice de Dieu qui seule peut conduire à une obéissance parfaite.

 

Partie 3 : verset 20 :

Car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

 

§                   Ce verset semble plus explicite. Il n’y a plus hiérarchie, mais une condition d’accès ; ce qui est bien différent :

Ä                    L’accès au royaume des cieux est conditionné à la justice des uns ou des autres ; celle des scribes et des pharisiens étant singulièrement insuffisante.

Ä                    On pourrait penser que, dans ce contexte, la justice se distingue de l’obéissance à la Loi. C’est à la fois vrai et faux.

A                                                                      La justice, dans ce contexte, a d’abord un caractère concret dans le rapport avec le prochain. Les exemples que donne Yéchoua’ par la suite semblent aller dans ce sens. On n’est pas dans un discours creux, une théorie fumeuse. La Loi donne des indications concrètes pour être « juste » dans ses rapports avec autrui.

 

A                                                                      Les pharisiens, (en réalité certains pharisiens), avaient de ce point de vue construit une « justice » qui parfois les arrangeait bien. Sans entrer maintenant dans les détails, les reproches des pharisiens à Yéchoua’ sur le Sabbat ou d’autres choses encore (dans d’autres passages) témoignent de leur hypocrisie dans la façon d’appliquer la Loi de manière sélective. Cette justice là n’en est pas une.

 

A                                                                      La suite du discours de Yéchoua’ indique aussi qu’il y a une exigence de justice de la part de Dieu qui dépasse de loin celle des pharisiens et de leurs apparences. La justice de Dieu concerne l’être tout entier, jusque dans sa conscience. Les paroles de Yéchoua’ vont alors à la fois heurter de front la « bonne conscience » apparente de certains auditeurs et la lecture traditionnelle qui est faites de la Loi.

 

Partie 4 : verset 21 à 24

21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens: Tu ne commettras pas de meurtre, celui qui commet un meurtre sera passible du jugement.

22  Mais moi, je vous dis: Quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement. Celui qui dira à son frère: Raca! sera justiciable du sanhédrin. Celui qui lui dira: Insensé! sera passible de la géhenne du feu.

23  Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,

24  laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande.

 

§                   Par ces paroles, Yéchoua’ remet les pendules à l’heure :

Ä   La forme de langage est propre aux discussions rabbiniques de cette époque. Le débat ne concerne pas ce qui est « écrit » mais ce qui en a été dit, c'est-à-dire le « commentaire » - le midrash - « vous avez entendu que… ». Yéchoua’ de répondre avec autorité : « Mais moi je vous dis que… ».

Ä   Yéchoua’ dénonce non pas la Loi elle-même, parole écrite, mais l’interprétation rabbinique (de son époque) de la Loi.

 

Ä   (Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens…) au sujet du meurtre (en hébreu le terme doit être traduit non pas par « tuer », mais par « assassiner »). En l’occurrence, si le meurtre était bel et bien condamné par la peine capitale, l’insulte verbale et le désir « exprimé » de meurtre n’étaient pas punis et il aurait été bien difficile de le faire au moyen de la Loi. Qui peut lire le secret des cœurs ?...

 

Ä    Pour Yéchoua’, « L’intention » est tout aussi condamnable que « l’action » elle-même.

Illustration : Dans l’un des derniers grands films de science fiction avec Tom Cruise – Minority report – Dans une société future, la police avait mis au point un système complexe pour découvrir les meurtres avant qu’ils se produisent dans un futur proche. Les policiers intervenaient pour arrêter les coupables avant qu’ils aient commis leur forfait, ceux-ci étant condamnés aussitôt non pour les crimes qu’ils avaient commis, mais pour ceux qu’ils s’apprêtaient à commettre. Une condamnation sur la base des intentions et non sur la base des délits commis. Quelle ironie quand même… Si l’on pouvait discerner nos intentions les plus secrètes, il n’y aurait plus un seul innocent.

 

Ä    Dans le royaume des cieux, la conscience doit être purifiée autant que les actions elles-mêmes. En fait, une conscience purifiée conduit nécessairement à des actions pures.

Ä   Dans cette condition, la justice ne peut s’obtenir par la simple obéissance à la Loi or nul ne peut prétendre entrer dans le royaume des cieux sans cette justice.

 

Le temps nous manque pour évoquer tous les autres arguments de Yéchoua’ évoqués dans sa rhétorique rabbinique face aux pharisiens et aux scribes.

Il est une chose qui ressort dans l’interprétation énoncée par Yéchoua’.

§                   Il y a deux dimensions à la justice exigée par la Loi de Dieu :

o      Il y a celle qui consiste à être juste dans ses rapports avec autrui, conformément à l’éthique et le droit formulé par la Loi de Dieu.

·       Les pharisiens avaient de ce point de vue une justice sélective et hypocrite.

·       Dans ce cadre, la Loi n’est bien entendu pas abolie, bien au contraire.

o      Il y a celle qui consiste à avoir à la fois un comportement et une conscience justes devant Dieu. Ce qui est bien sûr impossible en soi. La justification et la purification proposées par la Loi de Moïse sont, sur le plan de la conscience, inactives. Yéchoua’ va s’employer à démontrer que le chemin qui mène à une conscience pure passe par lui seul qui, en son sacrifice de lui-même est capable de purifier les consciences de tous ceux qui s’approchent de Dieu par Lui.

·       L’animal sacrifié n’a donc plus lieu d’être ajouté à celui déjà offert. La Loi a parfaitement été accomplie.

·       Yéchoua’ incarne alors le « quiiyem » de la Loi et introduit une nouvelle ère.

 

Remarquez qu’il n’y a pas ici un discours déséquilibré ou contradictoire.

 

Il n’y a pas opposition entre la justice produite par Dieu, incarnée en son Messie, qui purifie les consciences devant Dieu et ouvre l’accès au royaume des cieux et la justice exigée par la Loi de Dieu dans les rapports avec autrui. Les deux s’accordent et sont nécessaires.

 

Les pharisiens et les responsables religieux ont utilisé la Loi comme le principe universel de leur Salut. Au besoin, comme nous l’avons vu, ils ont détourné le sens de certaines lois pour les accommoder à leurs traditions. En utilisant la Loi comme moyen de justification, ils ont supprimé Dieu du cœur de leur piété pour forger une religion formaliste et « extérieure », mais vide de l’intérieur.

 

Le discours de Yéchoua’ est déroutant car il replace la Loi au cœur de ce qu’elle représente. Elle est un instrument de la foi et non une finalité justificatrice où l’homme serait l’acteur de son salut.

 

§       La Loi est révélatrice du Messie à venir et prépare le croyant à le recevoir comme Sauveur et Seigneur.

§       La Loi par ailleurs donne tout pour vivre sa piété dans la sainteté, en communion avec Dieu et avec les autres.

§       L’enseignement de Yéchoua’ et son interprétation de la Loi frappe les esprits de ses auditeurs car il parle avec une autorité que les responsables religieux n’ont pas. (Marc 1 :21)

 

Pour nous, aujourd’hui, d’un point de vue pratique, le discours de Yéchoua’ est un peu embarrassant. Pourquoi ?...

 

1.    Nous avons un héritage et un enseignement depuis les débuts de l’Eglise qui tend à, au mieux, minimiser l’importance de la Loi dans la piété personnelle, au pire, à l’occulter complètement.

2.    La justification par la foi, si fièrement énoncée par les apôtres, et à juste titre, est bien souvent interprétée comme en opposition avec la Loi.

3.    Les disciples de Yéchoua’ et les premiers chrétiens, qui étaient juifs, se sont appliqués à observer la Loi comme auparavant. De leur point de vue, il ne semblait pas y avoir de contradiction entre leur piété personnelle et le principe de la justification par la foi.

4.    L’apôtre Jean dans ses épîtres associe l’obéissance aux commandements à l’amour pour Dieu et son prochain. Voilà bien un propos difficile à accepter pour beaucoup de chrétiens.

5.    Il est vrai que lors du concile de Jérusalem, face aux tensions provoquées par des croyants juifs qui insistaient pour que les non juifs pratiquent rigoureusement toute la Loi de Moïse, une mise au point avait été faite sur ce qui était exigée d’essentiel de la part des chrétiens d’origine païenne, mais là encore, on oublie bien vite que les recommandations des apôtres consistaient à établir un consensus minimal et non des principes maximaux imposés ensuite à tous.

 

Ce qui est au coeur du problème soulevé par ce passage de Matthieu 5 est la place de la Loi dans la justification devant Dieu.

§  Les pharisiens plaçaient l’obéissance à la Loi de Moïse comme la seule alternative pour se déclarer juste devant Dieu. De fait leurs œuvres personnelles et méritoires étaient leur seule justification.

§  Pour Yéchoua’, puis pour les apôtres, c’est la foi seule en l’œuvre justificatrice de Dieu – au travers le don de la vie de Yéchoua’ – qui seule peut purifier et déclarer juste l’homme qui se présente à Dieu.

 

Pour Yéchoua’, la Loi n’est qu’un instrument qui conduit à la foi et non une finalité.

 

Conclusion

 

L’attitude de Yéchoua’, Juif parmi ses frères Juifs, modèle par-dessus tout, en ce qui concerne la Loi et la Torah, obéissant aux commandements, sans pour autant faire de compromis et ne se soumettant pas à l’autorité des scribes et des pharisiens, devrait nous faire réfléchir.

 

Si les propos de Yéchoua’ sont un peu complexes, il faut en convenir, sa conclusion pratique est pour le moins dérangeante.

 

D’un coté, il présente l’importance d’avoir une conscience nette devant Dieu, purifiée, justifiée – lui-même incarnant la réponse, la solution à cette nécessaire purification du cœur, autant que des actes – d’un autre coté, il rappelle que la Loi est incontournable pour régler sa vie conformément aux exigences de Dieu et vivre une piété qui honore Dieu sur tous les plans.

 

Il est regrettable que l’Eglise naissante, sous la pression de sa composante non juive,  ait choisi rapidement de s’opposer au judaïsme et à la Loi en particulier pour la rejeter ou minorer son importance.

 

Dans un monde en perte de repères, de plus en plus sécularisé et rejetant les valeurs judéo-chrétiennes qui l’ont fondé, qu’avons-nous aujourd’hui à proposer pour encadrer et fixer les limites à notre piété ?... Face à la pression ambiante d’une société de plus en plus opposée à Dieu, quels repères d’autorité pouvons-nous donner à nos enfants ?...

 

Puis-je me permettre quelques suggestions ?...

§ Relire et étudier les textes de la Torah et en particulier de loi en leur accordant une importance aussi singulière que les autres textes néotestamentaires.

§ Revisiter les 10 commandements et admettre qu’il y en a peut-être l’un ou l’autre qu’on a un peu oublié.

§ Revisiter les épîtres, notamment celles de Jean et de Jacques avec cette nouvelle perspective.

§ Réfléchir à ce qui constitue notre piété personnelle actuelle. Est-elle fondée principalement sur la Loi de Dieu où suit-elle l’air du temps ou bien même les traditions chrétiennes érigées en force de Loi depuis des siècles ?...

 

Puisse Dieu nous permettre de faire sa volonté et de grandir dans la sanctification que Dieu accomplit par son Esprit Saint dans nos vies.




Guy Athia
Directeur
Le Berger d'Israël
Fin du message donné
au Gan-Eden le 1er mars 2008



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